26 mars 2007
24 mars 2007
21 mars 2007
La Mémoire des vaincus | Enzo Traverso, entretien avec Philippe Mangeot & Sacha Zilberfarb (Vacarme)
« (...) Les victimes font l’objet de compassion, mais ne sont généralement pas perçues comme des sujets de l’histoire. Essentiellement passives, elles jouent un rôle d’écran sur lequel nous projetons notre « humanitarisme ». Alors que les vaincus ont tenté de prendre en main leur destin, même s’ils ont perdu la bataille. Cette distinction est fondamentale pour essayer de déchiffrer le passé, mais les frontières entre ces deux groupes ne sont jamais étanches. Quand on travaille, comme je l’ai fait, sur les génocides, cela apparaît évident. Un enfant gazé à Auschwitz est une victime, alors qu’un insurgé du ghetto de Varsovie est un vaincu, mais les deux participent de la même histoire, puisque le nazisme leur nie, en tant que juifs, le droit de vivre. C’est pour cela que dans toutes les langues, on parle des « victimes » et pas des « vaincus » d’un génocide. Si l’on reprend la définition de la Shoah donnée par George Steiner, on peut qualifier les génocides de « crimes ontologiques » dans lesquels la cible n’est pas exterminée à cause de ses actes mais de son existence. Notre paysage politique, culturel et mental, qui s’est constitué dans le « siècle des génocides », est dominé par la découverte massive des victimes. Aujourd’hui, le regard est porté presque exclusivement sur elles ; depuis une vingtaine d’années, les vaincus ont été oubliés. Et beaucoup de problèmes viennent de là. En France, la rhétorique antifasciste des années 1950, qui ne laissait pas de place pour la mémoire juive, a été remplacée par une « religion civile » de la Shoah qui tend à ignorer le souvenir de la déportation politique, voire, dans le pire des cas, à la criminaliser comme une facette du totalitarisme communiste. En Argentine et au Chili, les crimes des dictatures militaires sont qualifiés de « génocides » et les disparus sont commémorés comme victimes de régimes bafouant les droits de l’Homme. C’est occulter complètement le fait que les disparus sont d’abord des vaincus, car ils étaient tous des militants politiques. (...) »
18 mars 2007
Souterra (In Search of Providence) | James Schidlowsky
« (…) Providence étant le nom anciennement donné au centre du réseau de sécurité et de surveillance de l’appareil de transport suburbain montréalais, ce projet d’écologie sonore peut être abordé comme une interrogation face à une structure, voire une quête de sens - la recherche du ‘coeur’ symbolique du système. (…) »
08 mars 2007
Contre L'E.D.N. Contribution à une critique du situationnisme | Caboret, Dumontier Garonne & Labarrière
« (…) Hantés pareillement par une pensée de la mort, tous se présentent comme héritiers de l'Internationale situationniste, tous se pensent, sans l'avouer explicitement, l'avant-garde de la critique sociale, quand ils n'en sont jamais que le produit décomposé. Le mélange confus de propos critiques sur la vie moderne et d'ambitions strictement littéraires nourrit alors une rhétorique d'ensemble principalement destinée à édifier un public acquis d'avance. Il en ressort un ésotérisme nouveau, difficilement accessible en tout cas aux «non-initiés». Nous ne parlons même pas des contradictions flagrantes qui peuvent apparaître d'une phrase à l'autre et qui rendent la lecture déconcertante. Il faut croire qu'il y a là des vertus qui nous rappellent fort d'autres opiums. Nous préférons néanmoins d'autres ivresses. Il n'en reste pas moins que cette confusion des genres, exigeant la subordination de la critique sociale révolutionnaire à de pauvres prétentions esthétiques, montre assez clairement qu'il ne s'agit pas plus de mettre la poésie au service de la révolution que la révolution au service de la poésie. Car, aujourd'hui, c'est au service d'intérêts éditoriaux que l'une et l'autre ont dû finalement se soumettre. (…) »
L'Encyclopédie des nuisances (EdN)
« Encyclopédie des Nuisances, groupe (le principal animateur de ce groupe, dont a fait partie au début l' ex-situationniste Christian Sebastiani, semble être Jaime Semprun) constitué dans les années 80 autour de la revue du même nom dont le premier numéro (...) est paru en novembre 1984. La constitution du groupe semble avoir été précipitée par le meurtre de Lebovici et les réactions de la presse (…) »
07 mars 2007
La Vie sur terre | Baudouin de Bodinat (1996)
« (…) Ici, où l'économie rationnelle nous a déportés, tout est de la veille, hâtif, électrique et nouveau, et semblet-il truqué, bruyant et fébrile, qu'une rapide décrépitude emporte. Les rues nouvelles ne se souviennent pas de nous, ni les cafés plusieurs fois neufs depuis que notre jeunesse s'y hasardait suivant les fantômes de l'autre siècle: assis là parmi cette laideur de toc et de clinquant, de bruits idiots, on s'y sent plus ancien et moins provisoire, on ne reconnaît rien autour de soi, ni les gens. (…) »
La vie sur Terre. Réflexions sur le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes, tome I, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, Paris, 1996.