26 septembre 2009

India Song | Marguerite Duras, France Culture, Atelier de création radiophonique, 12/11/1974

C’est l’histoire d’une création sonore et radiophonique qui précéda une création cinématographique. India Song est né de l’amitié d’Alain Trutat (alors responsable des émissions dramatiques sur France Culture, et créateur de l’ACR) et de Marguerite Duras.
Alain Trutat a toujours œuvré pour mêler la radio aux autres disciplines artistiques, pour l’ouvrir aux écrivains, aux artistes, à la création sous toutes ses formes. En bref, pour que la radio ne reste pas une affaire de spécialistes. C’est ainsi qu’il donna la possibilité à Marguerite Duras, de créer India Song à la radio, accompagnée d’une équipe de réalisation. Elle fabriqua cette bande sonore dans la perspective du film à venir, celui que nous connaissons aujourd’hui, et qui reste légendaire, avec les voix inoubliables de Delphine Seyrig et Michael Lonsdale.

Réalisation : Georges Peyrou.
Avec : Marguerite Duras, narratrice, et Alain Adair, Louis Amiel, Jean-Pierre Andreani, Jean Bollery, Mildred Clary, Claire Deluca, Daniel Dobbels, Douchka, René Erouk, Vivianne Forrester, Nicole Hiss, Gilles Guillot, Maria Laborit, Michael Lonsdale, François Marthouret, Dionys Mascolo, Jean-Marie Patte, Monique Simonnet, Humbert Smith, Uta Taeger et Hans Verner.
Musique originale: Carlos d’Alessio. Piano : Gérard Frémy.

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Béla Tarr

L'Homme de Londres (A Londoni férfi), 2007




Les Harmonies Werckmeister (Werckmeister Harmóniák), 2000






Sátántangó, 1994




Damnation (Kárhozat), 1988





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23 septembre 2009

Rehearsal for Spring | Rachel Grimes



A chapter from “Rotating Mirror”, a film by Greg King. Features a previous version and recording made for this film of “Long Before Us” from “Book of Leaves”.

> Rachel Grimes @ Myspace

> www.rachelgrimespiano.com

22 septembre 2009

Costa deux fois




La plage serait à peu près la seule activité de Boz s’il n’éprouvait en même temps le désir de commencer quelque chose, on ne sait pas quoi. Entre les deux (son goût pour la plage et ses velléités de commencement) il pense à Commons. Oui. La pensée de Commons accompagne Boz dans les intervalles. Et voilà que Boz, qui au début ne fait pas grand-chose (personne ne peut dire le contraire), voilà qu’entre ses commencements, la plage et Commons — la pensée de Commons — Boz, maintenant, est aussi occupé que n’importe qui. D’autant plus qu’il y a Llac, de-ci de-là, dans l’histoire.

Christian Costa, L’Eté deux fois, éditions de Minuit, 1989.





On a ressuscité Costa

Quand en 1989, Christian Costa publia son premier et unique livre, L’Été deux fois , il fut salué comme le nouveau Jean-Philippe Toussaint ou le nouvel Echenoz. Puis plus rien. Disparition complète. Jusqu’à ce qu’un passionné, Guillaume Daban, retrouve sa trace et remette aujourd’hui à l’honneur son ouvrage, qui dans cette rentrée littéraire vit donc une seconde « rentrée ». Costa deux fois.

Le Point, 22/09/2009

Le Point : Parlez-nous d’abord de cet événement littéraire que vous organisez à Saint-Germain-des-Prés, du 22 au 26 septembre 2009, autour de l’écrivain Christian Costa*...
Guillaume Daban : En cette rentrée littéraire riche de 659 romans, Nicolas Deman et moi-même proposons ce qui ressemble à une gageure : ne présenter qu’un seul livre, vieux de vingt ans, sous toutes ses coutures (manuscrit, tapuscrit, extraits, correspondance, photos, montages) et de surcroît dans une galerie d’art. Il s’agit de L’Été deux fois , unique roman de Christian Costa, paru en toute discrétion aux Éditions de Minuit en 1989 mais qu’une poignée de lecteurs fervents considèrent - à juste titre - comme un chef-d’œuvre. D’où l’hommage germanopratin rendu, fin septembre, à cet ouvrage qui échappe aux modes et continue de nous toucher.

S’il fallait donner envie à un ami de lire son roman, que lui diriez-vous ?
C’est un livre très drôle et très désespéré. L’élégance de l’écriture et le côté pince-sans-rire du texte évoquent les meilleurs pages de Jean-Philippe Toussaint ou les premiers romans d’Echenoz. Mais l’humour de cet Oblomov moderne ne saurait masquer la gravité de cet ouvrage où il ne se passe (apparemment) pas grand-chose et où il est pêle-mêle question d’amitié virile, de tauromachie, de plage, d’oisiveté, de désillusions, de velléités, de volley-ball, de l’impossibilité d’écrire et de la difficulté de vivre. La vie, se dit-il, l’existence. Les moments creux. En refermant ce livre envoûtant, on songe à L’Étranger de Camus ou à Un homme qui dort de Perec. Ceux qui relisent Christian Costa chaque été comparent volontiers son roman à un vieux vêtement de plage, usé jusqu’à la corde, qu’on ne jetterait pour rien au monde, et qu’on abandonne à regret à la fin du mois d’août pour mieux le retrouver l’été suivant.

Comment avez-vous retrouvé la trace de cet auteur-culte qui avait disparu ?
J’ai lu le livre dès sa parution, en 1989. Coup de foudre. En 1992 j’ai constaté avec tristesse sa disparition du catalogue des Éditions de Minuit. Cela ne m’a pas empêché d’en commander chaque année de nombreux exemplaires en librairie pour les offrir à mon entourage. En 1996, Jérôme Lindon, son éditeur, m’a répondu : « Vous nous avez demandé des nouvelles de Christian Costa. Impossible de vous en donner : nous n’en avons pas nous-mêmes depuis plusieurs années. Nous savons seulement qu’il a quitté la Corse où il habitait quand il nous a adressé L’Été deux fois . Depuis, rien, ni lettre ni manuscrit. Je le regrette comme vous. » En 2008, malgré tout, je me suis résolu à écrire à l’auteur, « aux bons soins des éditions de Minuit ». Miracle postal et émouvante réponse de Christian Costa, qui est professeur de philosophie dans le sud de la France. Il y évoque ce livre qu’il croyait « oublié définitivement et depuis longtemps », dont il doutait même parfois « qu’il ait pu appartenir à la catégorie des livres ». L’auteur me remerciait, au passage, pour la « petite circulation fervente » que j’avais entretenue autour de ce livre, et ce « filet d’existence » dont avait bénéficié le roman.

Sait-on pourquoi cet auteur n’a plus jamais écrit de livre depuis 1988 ?
Mystère. Seul Christian Costa le sait. À moins que ce premier roman ne porte en lui sa propre fin. Ne s’achève-t-il pas par la phrase : N’ajouter rien.

Quel est votre objectif en ressuscitant Christian Costa et quels moyens êtes-vous prêts à employer ?
Les admirateurs de L’Été deux fois forment en quelque sorte une société secrète. Mon objectif est d’élargir le cercle des lecteurs de Christian Costa, de donner une seconde vie à ce roman. Seule une parution en poche permettrait d’en assurer une grande diffusion. Je rêve d’une édition avec une préface d’Éric Holder (conquis par Costa) et une postface de Patrick Modiano (qui ne l’a pas encore lu...).

Comment ont réagi les Éditions de Minuit à votre initiative ?
Favorablement, en nous permettant d’acquérir un grand nombre d’exemplaires (par chance, Minuit ne pilonne pas les invendus) et en nous laissant carte blanche pour cette exposition. Mais notre enthousiasme pour ce roman oublié doit les laisser perplexes...

Propos recueillis par François-Guillaume Lorrain

* Exposition Costa. Galerie Nicolas Deman. 12 rue Jacques Callot. Paris 6e. Du 22 au 26 septembre.

20 septembre 2009

Institute Benjamenta, or This Dream People Call Life | Stephen & Timothy Quay (1995)



D'après Robert Walser, Jakob von Gunten. Ein Tagebuch, 1909, L'Institut Benjamenta, traduit de l'allemand par Marthe Robert, Grasset, 1960.

18 septembre 2009

Síðasti bærinn | Rúnar Rúnarsson (2004)



Síðasti bærinn / The Last Farm
Réalisation & scénario : Rúnar Rúnarsson. Musique : Kjartan Sveinsson. Avec : Ólafía Hrönn Jónsdóttir (la fille), Jón Sigurbjörnsson (Hrafn), Sigurður Skúlason (le facteur), Kristjana Vagnsdóttir (Gróa).

thelastfarm.blogspot.com

17 septembre 2009

Blanche-Neige, dramolet | Robert Walser, France Culture, Fictions/Perspectives contemporaines, 27/12/2008



La Reine :
Dis, tu es malade ?

Blanche-Neige :
Quelle question, quand vous n’avez
que vœux de mort pour la trop belle
qui blesse à tout instant vos yeux.
À quoi servent ces doux regards.
La bonté qui sort toute aimante
de vos yeux n’est que faux-semblant.
Votre douceur de ton est feinte.
La haine habite votre cœur.
Vous avez mandé le chasseur
pour moi, pour qu’il lève sa dague
sur ce visage haï de vous.
Suis-je malade, dites-vous ?
Railler va mal à bouche douce.
À ne plus craindre d’offenser,
douceur s’aigrit en raillerie.
Malade, moi ? Non, je suis morte.
La pomme empoisonnée fait mal,
oh oh, si mal, et de vous, Mère,
c’est de vous que je l’ai reçue.
Malade, alors, moi, raillez-vous ?


Réalisation : Jean Couturier.
Texte traduit de l’allemand par Hans Hartje et Claude Mouchard, publié aux éditions José Corti.

Blanche-Neige est l’un des écrits décisifs de Robert Walser (né en 1878 à Bienne et mort en 1956 près de l’établissement psychiatrique d’Herisau), comme le souligne Walter Benjamin, dès 1929 : « Blanche-Neige, l’une des œuvres les plus profondément significatives de la poésie récente. Elle suffit à elle seule à faire comprendre pourquoi cet écrivain, apparemment le plus fantaisiste de tous, fut un auteur de prédilection pour l’inflexible Kafka. »
De la Blanche-Neige des Grimm, qui sert de prologue implicite à cette œuvre poétique-dramatique où tout se joue une fois « qu’ils furent heureux » entre une Belle-mère équivoque et bien vivante, un chasseur viril et un prince fuyant, ne semblent rester que ces mots de Blanche-Neige : « C’est un mensonge noir et fou, dur à entendre, bon à faire peur aux enfants. Va-t’en mensonge ! »

Avec : Alys-Yann Schmidt (Blanche-Neige), Pierre Notte (le Prince), Elisa Servier (la Reine), Jean Bollery (le Roi) et Olivier Martial (le chasseur).

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15 septembre 2009

La grenouille et le pataphysicien | France Culture, Surpris par la nuit, 19/02/2008



Par Andréa Cohen. Réalisation : Anna Szmuc.

L’émission traite de la grenouille. Objet de laboratoire, mets de choix, c’est un animal-symbole qui se trouve au cœur de la pensée populaire traditionnelle. Il est présent dans les mythes de création de plusieurs civilisations et devient un objet maléfique dans la pensée judéo-chrétienne. Une place particulière reviendra à Jean-Pierre Brisset (1837-1919). Fou littéraire et pataphysicien avant la lettre, il prétendait expliquer les origines du langage humain par le langage des grenouilles, dont l’homme serait le descendant : « Le son de sa voix et la mélopée du chant de la grenouille ont déjà quelque chose d’humain ».

Avec la voix de Michel Foucault. Musique : Andrew Hugill. Textes de Jean-Pierre Brisset. Archives Ina : Martine Auger.

Invités

Andrew Hugill. Compositeur et pataphysicien qui a collecté de centaines de sons de grenouille pour en faire des compositions musicales.
Marc Décimo. Ecrivain spécialiste de l’œuvre de Jean-Pierre Brisset.
Anne-Marie Ohler et Alain Dubois. Responsables du Laboratoire reptiles-amphibiens du Muséum national d'histoire naturelle de Paris.
Murielle Bloch et Laurence Benedetti. Conteuses.
Yolande Bacot. Directrice artistique de l’exposition « Bêtes et hommes » à la Grande Halle de La Villette.
Yves Camdeborde. Chef cuisinier.
Lafcadio Mortimer. Ecrivain, peintre et pataphysicien.

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Chinook Winds | Sunwrae Ensemble, Thornbury Theatre, Melbourne, 04/06/2009

12 septembre 2009

Sarane Alexandrian (1927-2009)



Communiqué de Christophe Dauphin et Marc Kober

Notre ami Sarane Alexandrian est décédé le 11 septembre 2009, à Ivry-sur-Seine, où il était hospitalisé. Le Grand Cri-chant (comme l’avait surnommé Victor Brauner) a rejoint la Fée-précieuse, son épouse, le peintre Madeleine Novarina.
Résolument poète, dans la mesure où la poésie est une manière de vivre et pas seulement d’écrire, Sarane Alexandrian est né en 1927 à Bagdad, où son père était le stomatologiste du roi Fayçal 1er. Durant son adolescence en France, il participe, à seize ans, à la Résistance dans le Limousin. À la même période, il est initié au dadaïsme et au non-conformisme par le dadasophe Raoul Hausmann. À vingt ans, à Paris, il devient « le bras droit d’André Breton », selon l’opinion publique, et « le théoricien n°2 du surréalisme ». Co-fondateur, en 1948, de la revue Néon et porte-parole du « Contre-groupe H » qui se regroupe autour de Victor Brauner, Alexandrian devient le chef de file de la jeune garde surréaliste (Stanislas Rodanski, Claude Tarnaud, Alain Jouffroy, Jean- Dominique Rey…), des novateurs, qui s’opposent aux orthodoxes du mouvement, en situant le surréalisme « au-delà des idées » et en accordant la priorité au « sensible ». La « rupture » avec André Breton intervient en octobre 1948. Depuis lors, l’importance, comme l’influence, de Sarane Alexandrian, n’ont pas tant reposé sur son activité au sein du groupe surréaliste, que sur sa démarche de continuité et de dépassement de ce mouvement. Romancier, essayiste, historien d’art, journaliste (L’Œil, L’Express) et fondateur, en 1995, de la revue d’avant-garde Supérieur Inconnu (dont le numéro spécial sur « l’Art de vivre » paraitra fin septembre 2009 en même temps que le dernier livre de Sarane Alexandrian : L’Art surréaliste, éditions Filipacchi), Sarane Alexandrian, a publié de nombreux livres, dont certains ont connu un succès international : Le Surréalisme et le rêve (Gallimard, 1974), Histoire de la philosophie occulte (Seghers, 1983), Histoire de la littérature érotique (Seghers, 1989). Ses romans « d’aventures mentales », comme ses nouvelles, imbibées de poésie, sont de véritables mythes modernes écrits en autohypnose. Toutes ses œuvres de fiction, véritables poèmes en prose, sont fondées sur le principe de la métaphore en action. Les Terres fortunées du songe, avec dix-huit dessins de Jacques Hérold, (Galilée, 1980), est indéniablement le chef-d’œuvre de sa création, et l’une des plus hautes cimes de la prose surréaliste. Il s’agit d’un roman mythique absolument inclassable, ni science-fiction, ni allégorie, ni récit fantastique traditionnel, ni satire d’humour noir, mais tenant de tout cela ensemble. Sa dernière publication aura été Les Peintres surréalistes (Anna Graham, New York-Paris, 2009), somme dans laquelle il démontre qu’il est l’un des meilleurs connaisseurs de l’art surréaliste. Un des titres auquel il tenait par-dessus tout aura été d’avoir animé, en vingt-neuf numéros, l’une des meilleures revues littéraires et artistiques de la dernière décennie, et d’avoir réuni autour de lui une « fratrie » ardente, qui aspire à être à la hauteur de son magnifique non-conformisme.

A consulter : Sarane Alexandrian, L’Aventure en soi, autobiographie, Le Mercure de France, 1990. Christophe Dauphin, Sarane Alexandrian ou le grand défi de l’imaginaire, Bibliothèque Mélusine, L’Âge d’Homme, 2006.

Christophe Dauphin et Marc Kober

Willy Ronis (1910-2009)



France Culture, Les Affinités électives, 10 mars 2005
Par Francesca Isidori.

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Dans la solitude des champs de coton | Bernard-Marie Koltès, France Culture, Fiction/Théâtre & Cie, 19/12/2004



Réalisation : Jacques Taroni. Avec : Bernard Ballet (le dealer) & Denis Lavant ((le client).

Si un chien rencontre un chat - par hasard, ou tout simplement par probabilité, parce qu'il y a tant de chiens et de chats sur un même territoire qu'ils ne peuvent pas, à la fin, ne pas se croiser - ; si deux hommes, deux espèces contraires, sans histoire commune, sans langage familier, se trouvent par fatalité face à face - non pas dans la foule ni en pleine lumière, car la foule et la lumière dissimulent les visages et les natures, mais sur un terrain neutre et désert, plat, silencieux, où l'on se voit de loin, où l'on s'entend marcher, un lieu qui interdit l'indifférence, ou le détour, ou la fuite - ; lorsqu'ils s'arrêtent l'un en face de l'autre, il n'existe rien d'autre entre eux que l'hostilité, qui n'est pas un sentiment, mais un acte, un acte d'ennemis, un acte de guerre sans motif.
Les vrais ennemis le sont de nature, et ils se reconnaissent comme les bêtes se reconnaissent à l'odeur. Il n'y a pas de raison à ce que le chat hérisse le poil et crache devant un chien inconnu, ni à ce que le chien montre les dents et grogne. Si c'était de la haine, il faudrait qu'il y ait eu quelque chose avant, la trahison de l'un, la perfidie de l'autre, un sale coup quelque part ; mais il n'y a pas de passé commun entre les chiens et les chats, pas de sale coup, pas de souvenir, rien que du désert et du froid. On peut être irréconciliables sans qu'il y ait eu de brouille ; on peut tuer sans raison : l'hostilité est déraisonnable.
Le premier acte de l'hostilité, juste avant le coup, c'est la diplomatie, qui est le commerce du temps. Elle joue l'amour en l'absence de l'amour, le désir par répulsion. Mais c'est comme une forêt en flammes traversée par une rivière : l'eau et le feu se lèchent, mais l'eau est condamnée à noyer le feu, et le feu forcé de volatiliser l'eau. L'échange des mots ne sert qu'à gagner du temps avant l'échange des coups, parce que personne n'aime recevoir de coups et tout le monde aime gagner du temps.
Selon la raison, il est des espèces qui ne devraient jamais, dans la solitude, se trouver face à face. Mais notre territoire est trop petit, les hommes trop nombreux, les incompatibilités trop fréquentes, les heures et les lieux obscurs et déserts trop innombrables pour qu'il y ait encore de la place pour la raison.

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06 septembre 2009

Walser forte, Walser piano | France Culture, Surpris par la nuit, 1-5 janvier 2007



Par Alain Veinstein. Réalisation: Mehdi El Hadj.

Le 25 décembre 1956, non loin de l’asile de Herisau, en Suisse, où il était interné depuis 1933, des enfants retrouvaient le corps de Robert Walser, enfoui dans la neige. Il était mort pendant une promenade solitaire. Cinquante ans plus tard, Surpris par la nuit consacre une série de cinq émissions à cet écrivain qui se disait lui-même « si joliment à l’écart ».
Né à Bienne en 1878, « avant-dernier d’une famille de huit enfants, précise-t-il dans une notice biographique, il fréquenta l’école jusqu’à l’âge de quatorze ans et se prépara à la profession d’employé de banque ». Sa mère mourra folle deux ans plus tard. L’un de ses frères connaîtra le même destin. A dix-sept ans, il quitte sa famille pour une vie errante. « Convaincu que l’art est quelque chose de grand », pour s’y consacrer (il songe d’abord au théâtre), il change sans cesse d’emploi et de domicile, passant de Bâle à Zürich et à Stuttgart, où il est accueilli par son frère Karl, peintre et décorateur de théâtre apprécié. Il exerce une multitude de petits métiers, domestique, employé, ouvrier dans une fabrique de tissus… En 1925, après avoir suivi une formation dans une école de valets, il est engagé pour quelques mois dans un château de Haute Silésie. L’année suivante, il rejoint Karl à Berlin. Il y restera sept années qui se solderont à ses yeux par un échec total. Déjà « malade à l’intérieur », il se brouille avec tous ceux qui peuvent l’aider et s’enfonce dans la dépression. « Après quoi – selon ses propres termes – il rentre chez lui et s’installe à Bienne pour parachever autant que possible l’œuvre commencée et, si l’on peut dire, l’arrondir aussi généreusement que possible. »
A Bienne, où il veut « passer aussi inaperçu qu’il se peut », il écrit des proses, esquisses, chroniques ou récits de petite dimension. Il considère désormais le roman (il en a écrit quatre – Les Enfants Tanner, Le Commis, L’Institut Benjamenta, et sans doute d’autres qu’il a détruits) comme « une forme beaucoup trop vaste pour son talent ». Un point de vue que ne partagent pas quelques lecteurs qui se nomment notamment Robert Musil, Hermann Hesse, Walter Benjamin, Stefan Zweig ou Franz Kafka.
En 1920, dans un complet dénuement, Robert Walser prend une place de second bibliothécaire à Berne. Il n’y tiendra que six mois avant de retrouver sa solitude. Son dernier livre, La Rose, paraît à Berlin en 1925.
Après plusieurs tentatives de suicide, Walser accepte d’être conduit par sa soeur Lisa à l’asile de Waldau. Il vient d’avoir cinquante ans. L’écriture l’occupe encore. Il compose des textes selon un procédé qu’il a mis au point, les fameux « microgrammes », une écriture minuscule abrégée selon un code personnel et tracée au crayon que des chercheurs mettront vingt ans à déchiffrer (ils découvriront notamment un quatrième roman, Le Brigand).
Mais en 1933, il est transféré contre son gré à l’asile de Herisau où il passera les vingt-trois dernières années de sa vie sans écrire une ligne. « A quoi bon ? a-t-il confié à Carl Seelig, qui fut alors son seul visiteur, mon monde fut mis en pièces par le nazisme. »
Dans cette série de Surpris par la nuit, ce n’est pas l’image de Walser dominée par le « pittoresque » qui sera privilégiée. Nous nous attacherons plutôt à rendre compte de son exceptionnelle liberté d’écriture et de ses élans d’imagination qui conduisent les lecteurs dans des régions toujours inattendues. C’est sa voix que nous voudrions faire entendre en nous mettant à l’écoute de ceux qui ont accepté de nous introduire dans l’intimité de leur lecture et de nous offrir de partager leur sympathie pour une œuvre troublante, rebelle à toutes les classifications.


1. Une vie de poète

Avec Gilles Mora, Philippe Lacadée, Catherine Sauvat, Marion Graf, Marlyse Piétri, Peter Utz, Dominik Muller. Lectures: Valérie Lang.

2. L’écriture de Robert Walser

Avec Catherine Sauvat, Marion Graf, Marlyse Piétri, Peter Utz, Dominik Muller. Lectures: Valérie Lang.

3. Lectures de Robert Walser

Avec Jean Starobinski, Alberto Manguel, Philippe Lacadée, Georges-Arthur Goldsmith, Pierre Pachet. Lectures: Valérie Lang.

4. Lire et écrire avec Robert Walser

Avec Antonio Tabucchi, Jean Frémon, Claudio Magris, Paul Nizon, Elfriede Jelinek, Enrique Vila-Matas. Lectures: Valérie Lang.

5. Traduire Walser

Avec Jean-Claude Schneider, Nicole Taubes, Claude Mouchard, Roger Lewinter, Bernard Lortholary, Jean Launay. Lectures: Valérie Lang.

05 septembre 2009

Jos Buivenga :: interview | Typeradio, 31/08/2009



Type designer Jos Buivenga talks about how he got started in type design, his habits and balancing his time for type design with his art direction work. Buivenga shares his thoughts and ideas on selling fonts online, his type design heroes and discusses his type design philosophy and working process. Recorded at the 33pt conference 2009 in Dortmund.

Ecouter

exljbris Font Foundry

blog

Typeradio

03 septembre 2009

Conversazioni con Robert Kramer | Alberto Signetto

Le Bon plaisir de Robert Kramer, France Culture, 26 juin 1999



Production : Ruth Stegassy. Réalisation : Ghislaine David. rediffusé le 14 août 2009.

Avec : Robert Kramer, cinéaste ; Jean-Pierre Daniel, directeur du cinéma L'Alhambra à Marseille ; David Jourdan, artiste ; Cécile Wajsbrot, écrivain et traductrice ; Pascal Convert, plasticien ; M. et Mme Pora-Kleber, comédiens le temps du film.

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02 septembre 2009

La Nuit juste avant les forêts | Bernard-Marie Koltès


Photo : Isabelle Lassalle / Radio France

La Nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès (éditions de Minuit. Lu par Denis Lavant. Musique originale composée et interprétée au didgeridoo par Raphaël Didjaman. Réalisation Jacques Taroni. Enregistré en public au Musée Calvet à Avignon, le samedi 18 juillet 2009.

« Le jeune homme que fait parler Koltès, jeune frère de Rimbaud et de Genet, tente de retenir, en usant de tous les mots dont il dispose, un inconnu qu’il a abordé dans la rue, un soir où il était seul, seul à en mourir. Il parle, il parle aussi frénétiquement qu’il ferait l’amour, il crie son univers : ces banlieues où l’on traîne sans travailler et où pourtant l’usine guette, ces rues où l’on cherche un être ou une chambre pour une nuit, ou un fragment de nuit, où l’on se cogne à des loubards partant à la chasse aux ratons, aux pédés, un univers nocturne où il est l’étranger, l’orphelin, et qu’il fuit en se cognant partout, dans sa difficulté d’être et sa fureur de vivre. C’est admirable : un texte superbe, sans littérature… » C’est ainsi que Gilles Sandier rendait compte en 1978 dans Le Matin, de son émerveillement pour cette pièce de Bernard-Marie Koltès qui fut écrite en 1977 et créée la même année au Festival d’Avignon par le comédien Yves Ferry.

En 2009, Denis Lavant a souhaité interpréter ce texte pour la radio en public accompagné au didgeridoo par le musicien Raphaël Didjaman. C’est un retour à Koltès que nous propose Denis Lavant avec La nuit juste avant les forêts qu’il avait créée en 2000.

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