17 septembre 2009
Blanche-Neige, dramolet | Robert Walser, France Culture, Fictions/Perspectives contemporaines, 27/12/2008
La Reine :
Dis, tu es malade ?
Blanche-Neige :
Quelle question, quand vous n’avez
que vœux de mort pour la trop belle
qui blesse à tout instant vos yeux.
À quoi servent ces doux regards.
La bonté qui sort toute aimante
de vos yeux n’est que faux-semblant.
Votre douceur de ton est feinte.
La haine habite votre cœur.
Vous avez mandé le chasseur
pour moi, pour qu’il lève sa dague
sur ce visage haï de vous.
Suis-je malade, dites-vous ?
Railler va mal à bouche douce.
À ne plus craindre d’offenser,
douceur s’aigrit en raillerie.
Malade, moi ? Non, je suis morte.
La pomme empoisonnée fait mal,
oh oh, si mal, et de vous, Mère,
c’est de vous que je l’ai reçue.
Malade, alors, moi, raillez-vous ?
Réalisation : Jean Couturier.
Texte traduit de l’allemand par Hans Hartje et Claude Mouchard, publié aux éditions José Corti.
Blanche-Neige est l’un des écrits décisifs de Robert Walser (né en 1878 à Bienne et mort en 1956 près de l’établissement psychiatrique d’Herisau), comme le souligne Walter Benjamin, dès 1929 : « Blanche-Neige, l’une des œuvres les plus profondément significatives de la poésie récente. Elle suffit à elle seule à faire comprendre pourquoi cet écrivain, apparemment le plus fantaisiste de tous, fut un auteur de prédilection pour l’inflexible Kafka. »
De la Blanche-Neige des Grimm, qui sert de prologue implicite à cette œuvre poétique-dramatique où tout se joue une fois « qu’ils furent heureux » entre une Belle-mère équivoque et bien vivante, un chasseur viril et un prince fuyant, ne semblent rester que ces mots de Blanche-Neige : « C’est un mensonge noir et fou, dur à entendre, bon à faire peur aux enfants. Va-t’en mensonge ! »
Avec : Alys-Yann Schmidt (Blanche-Neige), Pierre Notte (le Prince), Elisa Servier (la Reine), Jean Bollery (le Roi) et Olivier Martial (le chasseur).
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