31 août 2009
18 août 2009
17 août 2009
La Cité de l'invisible peur (a.k.a. La grande frousse) | Jean-Pierre Mocky (1964)
Réalisation : Jean-Pierre Mocky
Scénario : Jean-Pierre Mocky, Gérard Klein, d'après le roman de Jean Ray
Dialogues : Raymond Queneau (non crédité)
Photo : Eugen Schüfftan
Musique : Gérard Calvi
Producteur : Jérôme Goulven
Avec :
Bourvil : l'inspecteur Triquet
Jean-Louis Barrault : Douve
Francis Blanche : Franqui
Jean Poiret : le brigadier Loupiac
Victor Francen : le docteur Chabert
Raymond Rouleau : le maire
Jacques Dufilho : le jardinier
René-Louis Lafforgue : le boucher
Véronique Nordey : Lévina
16 août 2009
14 août 2009
Cadillac Walk | William Boray dit Willy DeVille (1953-2009)
Libération 08/08/2009
Les vies de Willy DeVille
Disparition. Le prince rockeur de New York est mort d’un cancer jeudi à l’âge de 55 ans.
Par BAYON
La clef de voûte de son testament, infusé de New Orleans où il s’était établi en bluesman rassis, pour plus de commodité junkie ou de mood vieille Europe, était une oraison du héros spic (dandy latino new-yorkais) à l’esprit de son grand-père : The Mountains of Manhattan. Rimant en «ksss» de crotale, le rockeur soul adressait son moaning blues, entre deux foulées dans la poussière d’Indian Runner, à son aïeul peau-rouge : «Qu’est-ce que tu dis grand-père de ce qu’ils ont fait ici…»
Cela, c’était le dernier coup d’archet du cabot élimé, son ultime cartouche d’argent : Pistola 2008, que nos colonnes saluaient comme tout l’œuvre DeVille, coûte que coûte, noblesse oblige… Trente trois ans avant, tout avait commencé en pleine furia punk avec le manifeste réactionnaire rhythm’n’blues Cabretta 1977. Un vrai «Trésor de la Sierra Madre» rock, luisant de glamour soul sous les réverbères borgnes de l’Avenue D, plein de déhanchements rockab speedés en mexican boots, de riffs de guitares stoniens cocaïnés, un Coup de grâce d’entrée (titre d’un album à suivre du monsieur), dégorgeant le stress chic pimp, la neige, les bagnoles custom et le sexe carrossé.
Vison. A l’enseigne Mink DeVille, nom français colonial drapé de vison trappeur, l’opus s’ouvrait sur la ronde de nuit Cadillac Walk, rythmique stricte que clôt en écho mat le Mountains of Manhattan spirite, quelques poussières de gloire plus tard. Mink, c’était le groupe ; le chanteur, «Barbeau d’AureVilly» de cette fin de siècle binaire, comme le saisit un rock critique new wave, c’était Willy.
De son vrai nom William Boray, ce messie rock aiguisé était né en 1953, dans le New York défoncé à la benzédrine du romancier Selby, dont il aurait été le chapitre d’exposition vivant du Last Exit to Brooklyn, «devant chez le Grec». Il fait son effet en deux classiques, produit par l’éminence stonienne Jack Nitzsche, le second, Return To Magenta, de la même trempe sharp en descendance d’Exile on Main Street, composé pour le meilleur par le rockeur lunatique Moon Martin, «Chuck Berry des 80’s». Et exit la formation, place au roi nu Willy, esthète épris de la Ville Lumière.
Ce qu’adore DeVille, le salut rock’n’roll de cette saison-là, c’est en effet Edith Piaf, le mélo, Pigalle, la goualante de Belleville ou Montmartre. Il le prouve en enregistrant le fastueux le Chat bleu (en français dans le texte) avec Jean-Claude Petit - production 100 % Paname, qui coule prématurément l’artiste aux yeux de ceux qui voyaient en lui le futur du rock américain.
Quelques retours de gloire ponctuent la suite. Une BO rock à la violence lustrale, pour le navet pédé Cruising, passe inaperçue. Le fan transi Mark Knopfler (de Dire Straits) produit un luxueux album sauvetage de Willy DeVille en 1987 : Miracle, mécénat que Deville paie en mépris. Un tube tardif lui vient avec sa reprise de Hey Joe chez Fnac Music en 1993… Chemin faisant, Willy DeVille, en autre souverain des shuffles transitoires, devient, sans l’avoir jamais été, une star sur le retour saisonnier, à la Paolo Conte cajun ou John Lee Hooker salsero mâtiné de Luis Mariano torero.
Coucou. Un certain public français de la première heure adore ce Fracasse binaire à l’égal d’un Bashung (qui partageait avec DeVille un lustre forain frôlant majestueusement le tocard) et le fête à l’Olympia, où il arrive toujours deux heures en retard et fait le «duck walk» sur Lipstick Traces. DeVille sort avec une régularité de coucou des albums un peu flemmards, qui ne font plus événement mais toujours plaisir, sans déroger au Savoir Faire, titre maison valant blason. Jusqu’au quinzième, Pistola, qui relève le gant, de vison, en huit morceaux de bravoure, sans tapage, brassant blues, soul, gospel, talk-over, et bayou.
Willy DeVille avait une théorie imparable. Le rock, disait-il, est français. C’est du rigodon, de la bourrée, du kan a diskan, du yodel donnant le hick-up, du menuet entre autres cadences de France virées au marécage cajun, donnant enfin le rockabilly et ses avatars névrosés, cuit au melting-pot noir, latin, anglo-européen… Il ne disait pas Peau-rouge, sauf en envoi. Le 15 juin, la faculté soignant le rockeur pour hépatites, lui révélait son cancer du pancréas. En sachem, Willy Boray, dit DeVille, qui rêvait de s’installer en Corse pour y finir sa vie, prenait posément la chose, jouait un peu de guitare, lut, et voilà. Fini l’Olympia.