Chant: Sandy Denny (1947-1978) ; Richard Thompson : guitare ; Dave Swarbrick : violon ; Simon Nicole : guitare ; Ashley Hutching : basse ; Dave Mattacks : batterie.
Crazy Man Michael (Dave Swarbrick & Richard Thompson)
Within the fire and out upon the sea Crazy Man Michael was walking He met with a raven with eyes black as coals And shortly they were a-talking Your future, your future I would tell to you Your future you often have asked me Your true love will die by your own right hand And crazy Man Michael will cursèd be
Michael he ranted and Michael he raved And beat up the four winds with his fists o He laughed and he cried, he shouted and he swore For his mad mind had trapped him with a kiss o You speak with an evil, you speak with a hate You speak for the devil that haunts me For is she not the fairest in all the broad land Your sorcerer’s words are to taunt me
He took out his dagger of fire and of steel And struck down the raven through the heart o The bird fluttered long and the sky it did spin And the cold earth did wonder and startle O where is the raven that I struck down dead And here did lie on the ground o I see that my true love with a wound so red Where her lover’s heart it did pound o
Crazy Man Michael he wanders and calls And talks to the night and the day o But his eyes they are sane and his speech it is plain And he longs to be far away o Michael he whistles the simplest of tunes And asks of the wild wolves their pardon For his true love is flown into every flower grown And he must be keeper of the garden
Natalie Merchant, The House Carpenter's Daughter, 2003.
BIOS est un bras de robot industriel programmé pour écrire à l'aide d'un stylo-plume sur des rouleaux de papier. Il a écrit durant 7 mois, reproduisant l’intégralité de la Bible.
À Jassy, au nord de la Roumanie, les 28 et 29 juin 1941, s'est produit un effroyable massacre. 13 600 morts en deux jours. Mais qui s'en souvient ? Aujourd'hui seulement, soixante-trois ans après les faits, des voix s'élèvent pour raconter. Nous avons recueilli la parole d'Isaac Chiva, ethnologue de la France rurale, collègue de Claude Levi-Strauss et rescapé du pogrom. Il avait alors seize ans. Il revient sur la terreur qui écrasait les Juifs, sur la sauvagerie de ce qu'il a vécu. Et il décrit la perversité du piège qu'on leur avait tendu. Le pogrom de Jassy est emblématique de la shoah en Roumanie (qui fit plus de 250 000 victimes), et son oubli, de la maladie d'amnésie dont souffre le pays. En nous appuyant sur des archives sonores, sur des textes de Malaparte et sur le Journal de Mihail Sebastian, nous en avons discuté avec les historiens Radu Ioanid et Alexandra Laignel-Lavastine, avec l'écrivain Pierre Pachet et la metteur en scène Alexandra Badea.
Bibliographie Radu Ioanid, La Shoah en Roumanie, éditions de La Maison des sciences de l'homme, 2002. Alexandra Laignel-Lavastine, Eliade, Cioran, Ionesco. Le fascisme oublié, PUF, 2002. Pierre Pachet, Conversations à Jassy, éditions Maurice Nadeau, 1997. Mihail Sebastian, Journal 1935-44, Stock, 1998. Curzio Malaparte, Les Rats de Jassy, Kaputt, Denoël, 1946
Archives : discours de Codreanu (1934), discours d'Antonescu (septembre 1940), chants légionnaires, chansons de cabarets des années 30. Reportage : ambiance dominicale, cérémonie orthodoxe, aboiements (Bucarest, 2003).
La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. Nous sommes pour une large part gouvernés par des hommes dont nous ignorons tout, qui modèlent nos esprits, forgent nos goûts, nous soufflent nos idées. C'est là une conséquence logique de l'organisation de notre société démocratique. Cette forme de coopération du plus grand nombre est une nécessité pour que nous puissions vivre ensemble au sein d'une société au fonctionnement bien huilé. Le plus souvent, nos chefs invisibles ne connaissent pas l'identité des autres membres du cabinet très fermé auquel ils appartiennent. Ils nous gouvernent en vertu de leur autorité naturelle, de leur capacité à formuler les idées dont nous avons besoin, de la position qu'ils occupent dans la structure sociale. Peu importe comment nous réagissons individuellement à cette situation puisque dans la vie quotidienne, que l'on pense à la politique ou aux affaires, à notre comportement social ou à nos valeurs morales, de fait nous sommes dominés par ce nombre relativement restreint de gens – une infime fraction des cent vingt millions d'habitants du pays – en mesure de comprendre les processus mentaux et les modèles sociaux des masses. Ce sont eux qui tirent les ficelles : ils contrôlent l'opinion publique, exploitent les vieilles forces sociales existantes, inventent d'autres façons de relier le monde et de le guider. Nous ne réalisons pas, d'ordinaire, à quel point ces chefs invisibles sont indispensables à la marche bien réglée de la vie collective. Théoriquement, chaque citoyen peut voter pour qui il veut. Notre Constitution ne prévoit pas la participation des partis politiques au mécanisme de gouvernement, et ceux qui l'ont rédigée étaient sans doute loin d'imaginer la machine politique moderne et la place qu'elle prendrait dans la vie de la nation. Les électeurs américains se sont cependant vite aperçus que, faute d'organisation et de direction, la dispersion de leurs voix individuelles entre, pourquoi pas, des milliers de candidats ne pouvait que produire la confusion. Le gouvernement invisible a surgi presque du jour au lendemain, sous forme de partis politiques rudimentaires. Depuis, par esprit pratique et pour des raisons de simplicité, nous avons admis que les appareils des partis restreindraient le choix à deux candidats, trois ou quatre au maximum. Théoriquement, chacun se fait son opinion sur les questions publiques et sur celles qui concernent la vie privée. Dans la pratique, si tous les citoyens devaient étudier par eux-mêmes l'ensemble des informations abstraites d'ordre économique, politique et moral en jeu dans le moindre sujet, ils se rendraient vite compte qu'il leur est impossible d'arriver à quelque conclusion que ce soit. Nous avons donc volontairement accepté de laisser à un gouvernement invisible le soin de passer les informations au crible pour mettre en lumière le problème principal, afin de ramener le choix à des proportions réalistes. Nous acceptons que nos dirigeants et les organes de presse dont ils se servent pour toucher le grand public nous désignent les questions dites d'intérêt général ; nous acceptons qu'un guide moral, un pasteur, par exemple, ou un essayiste ou simplement une opinion répandue nous prescrivent un code de conduite social standardisé auquel, la plupart du temps, nous nous conformons. Théoriquement, chacun achète au meilleur coût ce que le marché a de mieux à lui offrir. Dans la pratique, si avant d'acheter tout le monde comparait les prix et étudiait la composition chimique des dizaines de savons, de tissus ou de pains industriels proposés dans le commerce, la vie économique serait complètement paralysée. Pour éviter que la confusion ne s'installe, la société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s'exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d'une politique, d'un produit ou d'une idée. Peut-être serait-il préférable de remplacer la propagande et le plaidoyer pro domo par des comités de sages qui choisiraient nos dirigeants, dicteraient notre comportement, public et privé, décideraient des vêtements que nous devons porter et des aliments que nous devons manger parce qu'ils sont les meilleurs pour nous. Nous avons cependant opté pour la méthode opposée, celle de la concurrence ouverte. À nous, donc, de nous arranger pour que ce modèle fonctionne à peu près bien. C'est pour y parvenir que la société accepte de laisser à la classe dirigeante et à la propagande le soin d'organiser la libre concurrence. On peut critiquer certains des phénomènes qui en découlent, notamment la manipulation des informations, l'exaltation de la personnalité, et tout le battage de masse autour de personnalités politiques, de produits commerciaux ou d'idées sociales. Même s'il arrive que les instruments permettant d'organiser et de polariser l'opinion publique soient mal employés, cette organisation et cette polarisation sont nécessaires à une vie bien réglée. Les techniques servant à enrégimenter l'opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait de plus en plus évidente.
Edward Bernays, Propaganda. Comment manipuler l'opinion en démocratie, New York, 1928, traduit de l'américain par Oristelle Bonis, éditions Zones/La Découverte, 2007.
> Version intégrale de Propaganda disponible en ligne sur le site des éditions Zones.
> Sur Wikipedia une notice en français sur Bernays et une autre (plus complète) en anglais.
> Entretien avec Normand Baillargeon, professeur en sciences de l'éducation à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et auteur de la préface à la traduction française de Propaganda (au Québec, chez Lux éditeur, en France chez Zones). 09/04/2008.
Par Kristel Le Pollotec. Réalisation : Anne Fleury.
Le dictionnaire de la Stasi commence par A comme Anwerbung, recrutement, et se termine par Z comme Zersetzung, désagrégation. C’est à partir de quelques unes de ces définitions que nous explorerons l’univers du ministère de la Sécurité d’Etat qui a exercé sa surveillance pendant presque 40 ans sur la population de la RDA. Avec ses 100 000 collaborateurs officiels auxquels il faut ajouter 200 000 collaborateurs inofficiels recrutés dans la société civile, la Stasi était “le glaive et le bouclier” de la dictature en RDA. 15 ans après la chute du mur et l’ouverture des archives, la Stasi reste toujours mystérieuse. Si les victimes parlent, les anciens de la stasi, eux, continuent de se taire, comme ils ont appris à le faire, sinon pour monnayer secrètement des informations explosives à la presse de l’Ouest. Pas de confrontation directe donc, encore moins de dialogue, mais beaucoup de légendes, de mythes invérifiables et d’informations contradictoires dans la grande tradition manipulatrice de la Stasi. Avec des citoyens de l’ex-RDA, victimes de la répression ou anciens collaborateurs, des chercheurs et des journalistes spécialisés dans la traque des anciens de la Stasi, nous essaierons, à partir de leurs témoignages, de faire la lumière sur les activités de la Stasi et de voir quel impact psychologique elle a eu sur la population d’ex-RDA. Et des témoignages de Andreas Bergmann, Birgit Weber, Klemens Kuhn, Aram Radomski et Heike Irmert.
Avec : Marianne Birhler, directrice des archives de la Stasi ; Marko Martin, écrivain et journaliste ; Roland Schleicher, journaliste ; Wolfgang Templin, ancien dissident ; Klaus Behnke. psychologue ; Christian Klemke, réalisateur du film Nous étions de la Stasi ; Herbert Pfaff, ancien détenu de la prison de Hohenschönhausen.
Peintre, cinéaste, réalisateur et photographe, William Klein est né en 1928 à New York. En France, il travaille avec Fernand Léger. Au début des années 50, il expose en Europe, crée de nombreuses peintures murales pour des architectes français et italiens et réalise une vingtaine de couvertures pour la revue Domus. Cinéaste, il conçoit le style photographique de Zazie dans le métro (1960) et réalise des courts-métrages tels que : Brodway by Light (1958), Comment tuer une Cadillac ainsi que des films pour la télévision française dont Le Grand Magasin avec Simone Signoret, Le Business et la Mode, et une série de documentaires pour 5 Colonnes à la Une de 1962. Il reçoit en 1964 le Grand Prix du Festival de Tours pour Cassius Le Grand, Qui êtes-vous Polly Maggoo? (1965-66) obtient le Prix Jean Vigo. En 1999-2000 , William Klein reçoit le Grand Prix du Festival Paris-Films pour Le Messie. Photographe de renom, il reçoit le Prix Nadar en 1957 pour le livre New York, ses premières photographies créent un nouveau style graphique et corrosif qui bouleverse le monde de la photographie lui même. Suite à la parution de cet ouvrage, trois autres portraits de ville vont suivre. De 1955 à 1965, il travaille pour le magazine américain Vogue. Lors de l’exposition Photokina en 1963, William Klein est désigné par un jury international, comme l'un des 30 photographes les plus importants de l’histoire de la photographie. Vers 1965, William Klein décide de se consacrer exclusivement au cinéma. Tout en continuant de filmer, William Klein reprend son activité photographique au début des années 80, de nouveaux livres de photographies sont publiés, ses expositions parcourent le monde.
Résumé : Rencontre avec Enzo Traverso à l’occasion de la sortie de son ouvrage Le passé, modes d’emploi. Histoire, mémoire, politique, éditions La Fabrique, 2005. L'industrie culturelle, les musées, les commémorations, les programmes éducatifs contribuent à faire de la mémoire du passé une sorte de religion civile de nos sociétés contemporaines. Cette religion remplit souvent une fonction apologétique: conserver souvenir des totalitarismes pour légitimer l'ordre libéral, occuper les territoires palestiniens pour empêcher un nouvel Holocauste, envahir l'Irak pour ne pas répéter Munich... Mais il est d'autres chemins de la mémoire, plus discrets, parfois souterrains, décidément critiques, qui transmettent le fil des expériences de l'égalité, de l'utopie, de la révolte contre la domination. Confrontée à un siècle de feu et de sang, la mémoire revendique ses droits sur le passé.