27 février 2011

Les Trois Sœurs | Anton Tchekhov, France Culture, Fictions, Théâtre & Cie, 16 janvier 2011



Captation en public de la mise en scène d’Alain Françon pour la Comédie-Française. Réalisation de Blandine Masson.

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Dans une petite ville de garnison, perdue au fin fond de la campagne russe, trois jeunes femmes, arrivées là avec leur défunt père, ancien commandant de brigade, rêvent de retourner à Moscou, où elles ont passé leur enfance. Diverties par les visites des militaires, les sœurs retrouvent un semblant de vie. Macha, mariée trop jeune à un époux ennuyeux, tombe amoureuse d’un commandant, Olga reprend goût à la vie et Irina se fiance à un lieutenant. Mais bientôt sonne le départ des troupes, le fiancé de la cadette meurt en duel, et la solitude reprend ses droits sur l’existence de ces trois femmes désormais recluses et désillusionnées. Chronique sur plusieurs années de cette vie en marge de l’histoire et de la modernité, ce drame en quatre actes dresse, avec ironie, le portrait d’une jeunesse sans perspective ni illusion, comme figée dans un temps mortifère. Étrange miroir d’un pays à la déroute, Les Trois Sœurs saisissent l’image d’une société au seuil d’un destin qui ne pourra advenir, consciente de sa fin imminente.

« […] Pour un chimiste, il n’y a rien d’impur sur la terre. L’écrivain doit être aussi objectif qu’un chimiste ; il doit renoncer à la subjectivité quotidienne et avoir conscience que même des tas de fumier dans un paysage jouent un rôle digne de respect et que les mauvaises passions sont aussi présentes dans la vie que les bonnes […] » (Lettre à Maria Kisseleva, le 14 janvier 1887 traduite par Denis Roche, dans Correspondance I (1876-1890) de Tchekhov, Éd. Plon, 1956).

Anton Tchekhov est au sommet de sa gloire lorsqu’il écrit, en 1900, Les Trois Sœurs. Il vient d’être élu à la section Belles-Lettres de l’Académie des sciences. Fort du succès de La Mouette et d’Oncle Vania, le dramaturge reçoit la commande d’une nouvelle pièce par Némirovitch-Dantchenko et Stanislavski, qui viennent alors de créer le Théâtre d’Art de Moscou. Il choisit d’écrire Les Trois Sœurs, composant le rôle de Macha pour la comédienne Olga Knipper, qu’il épousera un an plus tard. À sa création, en 1901, l’accueil du public est mitigé – comme souvent à la création de ses pièces –, avant d’être finalement enthousiaste devant ce tableau du quotidien et de la réalité historique de l’époque.

Alain Françon découvre le théâtre avec Jean Dasté à Saint-Étienne. Il fonde le Théâtre éclaté en 1971 puis dirige successivement le Centre dramatique national de Lyon, le Centre dramatique national de Savoie et le Théâtre national de la Colline. Parallèlement à sa fonction de directeur de théâtre, Alain Françon s’est toujours consacré à la création d’œuvres contemporaines signées notamment par Edward Bond, Michel Vinaver et Daniel Danis, tout en entretenant un lien privilégié avec les grands auteurs européens de la fin du XIXe siècle, entre autres Tchekhov et Ibsen. Après avoir mis en scène à la Comédie-Française Le Menteur de Corneille, Le Canard sauvage d’Ibsen, Long Voyage du jour à la nuit d’O’Neill et La Cerisaie de Tchekhov en 1998, il choisit d’aborder Les Trois Sœurs dans la traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan publiée aux éditions Actes Sud/Babel.

Michel Robin : Feraponte, gardien du Conseil du zemstvo ; Éric Ruf : Vassili Vassilievitch Saliony, major ; Bruno Raffaelli: Ivan Romanovitch Tcheboutykine, médecin militaire ; Florence Viala : Olga, sœur de Prozorov ; Coraly Zahonero : Natalia Ivanovna, la fiancée, puis l’épouse de Prozorov ; Laurent Stocker : Nikolaï Lvovitch Touzenbach, baron, lieutenant ; Guillaume Gallienne : Andreï Sergueïevitch Prozorov ; Michel Vuillermoz : Alexandre Ignatievitch Verchinine, lieutenant-colonel, commandant de batterie ; Elsa Lepoivre : Macha, sœur de Prozorov ; Stéphane Varupenne : Vladimir Karlovitch Rode, sous-lieutenant ; Adrien Gamba-Gontard : Alexeï Petrovitch Fedotik, sous-lieutenant ; Gilles David : Fiodor Ilitch Koulyguine, professeur au lycée, mari de Macha ; Georgia Scalliet : Irina, sœur de Prozorov ; Hélène Surgère : Anfissa, la vieille nourrice

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