29 juin 2007
28 juin 2007
Enrique Vila-Matas | «Les Affinités électives», France Culture, 28 juin 2007
Une émission proposée par Francesca Isidori
Enrique Vila-Matas est né à Barcelone en 1948. Il commence à écrire vers 12 ou 13 ans. À dix-huit ans, il est embauché comme rédacteur dans une revue de cinéma barcelonaise, Fotogramas, pour laquelle il réalise parfois de fausses interviews. Il séjourne ensuite à Paris. De retour à Barcelone en 1976, Enrique Vila-Matas se consacre à l'écriture et collabore à des journaux barcelonais. Il a remporté le prix Herralde de Novela en 2002, le prix de la Critique en 2003 et le prix Médicis étranger en 2003 pour Le Mal de Montano.
....................
Pour lire le flux en realaudio, et afin d'éviter les interférences avec d'autres flux de la page, il faut afficher ce message séparément, soit en cliquant sur la barre de titre, soit en cliquant dans la liste des messages à droite dans le menu Archives de blog.
>> Enrique Vila-Matas, «Mardis littéraires», France Culture, 12 octobre 2004.
Télécharger (mp3, qualité moyenne)
27 juin 2007
20 juin 2007
Brice Parain (1897-1971)
Jean-Luc Godard, Vivre sa vie, 1962.
Il ne se croit pas de génie, il ne désire pas une place, il ne brigue pas les honneurs, il ne tient à faire ou à laisser faire du bruit autour de lui, ce serait même le contraire, car il pense que l’on n’a droit à rien, pas plus lui que personne, l’innocence n’existe pas, il trouve aussi qu’on ne peut pas arriver la plupart du temps à penser vraiment, jusqu’au bout, ce qu’on pense à cause de l’amour-propre, on ferait donc souvent mieux de se taire, ou de ne pas se nommer, au moins.
Brice Parain, Joseph, Gallimard, 1964.
Parain est entré dans le silence auquel il a tant médité, je ne tarderai guère à y entrer moi-même. Il y a dès à présent rejoint Gabriel Péri, Breton, Drieu, Paulhan. Et Camus, aussi proche et aussi loin de lui qu’un herbage dans l’ombre et une roseraie au soleil.
Emmanuel Berl, « Une odeur de sérénité »,
18 juin 2007
Like a Rolling Stone
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?
Jimi Hendrix, Monterey International Pop Festival, 18 juin 1967
Sebastian Cabot, 1965
The Turtles, 1969
Rotary Connection, 1968
Hugo Montenegro Orchestra, 1970
15 juin 2007
14 juin 2007
13 juin 2007
Portrait de l’énonciateur en faux naïf | Alain Berrendonner (Semen # 15, 2002)
1. 1. Les figures d’ironie ont été, depuis vingt ans, étudiées et réétudiées sous tous les angles […], si bien que l’on dispose pour les analyser d’un vaste jeu de notions-clefs : antiphrase, mention-écho, polyphonie, contradiction argumentative, etc. Cependant, le nombre même des tentatives de modélisation qui se sont succédé montre qu’aucune de ces notions ne rend compte du phénomène de façon définitivement satisfaisante. Les unes pèchent par manque de généralité (toutes les ironies ne sont pas des antiphrases ni des échos) ; les autres ont une extension trop large, et laissent échapper ce que la figure a de spécifique (toutes les polyphonies ne sont pas ironiques).
1. 2. Par ailleurs, il y a beaucoup d’énoncés que l’on perçoit intuitivement comme ironiques, et qui ne se laissent aisément ramener à aucune des définitions existantes. Celles-ci ne recouvrent donc apparemment pas toute l’extension du phénomène tel qu’il est perçu par les récepteurs. Si l’on entreprend par exemple d’inventorier les traits d’ironie chez Voltaire, on est surpris d’y trouver assez peu de spécimens prototypiques d’antiphrase ou de mention-écho. En revanche, toutes sortes d’autres procédés entrent en ligne de compte. Ainsi, lorsque le narrateur de Candide nous dit :
(1) Après le tremblement de terre qui avait détruit les trois quarts de Lisbonne, les sages du pays n’avaient pas trouvé de moyen plus efficace pour prévenir une ruine totale que de donner au peuple un bel autodafé. (chap. VI)
il n’y a là, sauf à forcer le texte, ni antiphrase, ni écho parodique, ni polyphonie, ni contradiction argumentative, mais une simple ambiguïté, produite en jouant à la fois sur la polysémie du verbe et sur la portée de la négation : ne pas trouver de moyen plus efficace que X peut se comprendre soit comme (i) <juger X suprêmement efficace>, soit comme (ii) <ne pas inventer de meilleur moyen que X>. L’expression fait donc syllepse, ce qui ouvre perfidement le choix entre deux conclusions implicites aussi négatives l’une que l’autre : l’aveuglement ou l’impuissance.
Autre exemple : lorsque dans le Tartuffe de Molière, la servante Dorine dit à Tartuffe :
(2) Et je vais à Madame annoncer par avance
La part que vous prenez à sa convalescence. (Tartuffe I,4)
l’effet ironique ne fait guère de doute. À son origine, on ne trouve cependant rien d’autre qu’une indétermination du contenu sémantique énoncé, la part pouvant être entendu soit comme la grande part, soit comme la faible part. La fréquence de ce genre de faits donne à penser que l’ironie a fondamentalement à voir avec l’ambiguïté, et devrait être envisagée avant tout comme un cas particulier de figure d’équivoque. Le plus constant de ses caractères n’est pas l’inversion de contenu vérifonctionnel ni l’intention de railler, qui lui sont reconnus par la tradition rhétorique (Le Guern, 1976), mais le fait que l’énonciateur adopte un comportement locutoire à double entente.
1. 3. Telle est la piste que je vais suivre dans ce bref article. Je partirai de l’idée qu’il existe une classe de figures dont le point commun est la pratique d’un double jeu énonciatif. Ce procédé consiste à combiner dans une seule et même énonciation des indices aptes à provoquer des inférences divergentes, voire contradictoires, et à entretenir ainsi le doute de l’interprète sur les intentions communicatives de l’énonciateur. Outre l’ironie, entrent principalement dans cette catégorie la syllepse, la prétérition, le paradoxe sui-falsificateur, et ce que Olbrechts-Tyteca (1974) nomme « argumentation autophage » – c’est-à-dire le fait de présenter à l’appui d’une conclusion un argument qui la détruit, comme en :
(3) Pas la peine de m’apprendre le français, je le savons.
Si le propre de ces figures réside dans un comportement locutoire duplice ou non consistant, leur description devient un problème de sémiotique générale. Il faut, pour en comprendre les mécanismes, se placer d’emblée au niveau des actes d’énonciation, et aborder ceux-ci en tenant compte du fait que tous leurs ingrédients ne sont pas des signes linguistiques « à deux faces ». […]
Semen, revue de sémiolinguistique des textes et discours, n° 15, 2002, «Figures du discours et ambiguïté».12 juin 2007
1991. Le juge et l'historien | Carlo Ginzburg (Centre Pompidou, Histoire des Trente, 1977-2007), 26 avril 2007
Avant d'écouter le flux en realaudio, et pour éviter les interférences avec d'autres flux de la page, il faut afficher ce message séparément, soit en cliquant sur "Liens vers ce message blog" ci-dessous, soit en cliquant dans la liste des messages à droite.
07 juin 2007
Au sommet du babil | Daniel Heller-Roazen (Vacarme # 32, été 2005)
Au début les enfants – chacun le sait – ne parlent pas. Ils font des bruits, qui semblent tout à la fois anticiper les sons des langues humaines et s’en distinguer radicalement. Au seuil de former leurs premiers mots reconnaissables, les nourrissons disposent de capacités d’articulation avec lesquelles même le plus doué des adultes polyglottes ne saurait rivaliser. C’est sans doute pour cette raison que Roman Jakobson s’est penché sur le babil des nourrissons, au même titre, entre autres, que sur le futurisme russe, la métrique comparative slave et la phonologie structurale. Dans « Langage enfantin, aphasie et lois générales de la structure phonique » (1), rédigé en allemand entre 1939 et 1941 durant son exil en Norvège et en Suède, Jakobson observe qu’« un enfant est capable d’articuler dans son babil une somme de sons qu’on ne trouve jamais réunis à la fois dans une seule langue, ni même dans une famille de langues : des consonnes aux points d’articulation les plus variables, des mouillées, des arrondies, des sifflantes, des affriquées, des clicks, des voyelles complexes, des diphtongues, etc. » S’appuyant sur les recherches de psychologues formés à la linguistique, Jakobson se voit forcé de constater un fait singulier : au « sommet du babil » (die Blüte des Lallens), on ne saurait poser aucune limite aux pouvoirs phoniques de l’enfant qui gazouille. En matière d’articulation, affirme-t-il, le nourrisson est capable de tout ; il peut produire, sans le moindre effort, n’importe quel son, sans exception, de n’importe quelle langue humaine.
On pourrait dès lors penser qu’avec de telles capacités de parole, l’acquisition d’une langue particulière soit une tâche aisée et rapide pour l’enfant. Mais il n’en est rien. Non seulement la transition entre le babil du nourrisson et les premiers mots de l’enfant n’est pas évidente, mais il apparaît de plus qu’une interruption décisive se produit alors, quelque chose comme un tournant où les capacités phonétiques encore illimitées de l’enfant semblent vaciller. « Les observateurs constatent alors qu’à leur grande surprise l’enfant perd pratiquement toutes ses facultés d’émettre des sons lorsqu’il passe du stade prélinguistique à l’acquisition de ses premiers mots, première étape à proprement parler linguistique. » À vrai dire, une atrophie partielle des capacités phoniques à ce stade n’est pas tout à fait surprenante ; puisque l’enfant se met à parler une seule langue, il n’a évidemment plus l’utilité de toutes les consonnes et voyelles dont il pouvait faire usage auparavant, et il est bien naturel que, cessant d’employer les sons absents de la langue qu’il apprend, il oublie bientôt comment même les produire. Mais quand le nourrisson commence à apprendre une langue, il ne perd pas seulement sa capacité à produire les sons qui dépassent son système phonétique particulier. Le plus « frappant » (auffallend), poursuit Jakobson, c’est que beaucoup d’autres sons communs à son babil et à la langue adulte disparaissent également du langage dont l’enfant dispose ; et ce n’est qu’à ce moment-là que l’on peut considérer que l’acquisition d’une langue a vraiment débuté. En l’espace de plusieurs années, l’enfant va désormais progressivement acquérir les phonèmes qui définissent la forme acoustique de ce qui sera sa langue maternelle, selon un ordre que Jakobson fut le premier à présenter dans sa forme structurelle et stratifiée : commençant, notamment, par l’émission de dentales [...], l’enfant apprendra à prononcer les palatales et les vélaires [...] ; à partir des occlusives et des labiales [...], il acquerra la capacité à former des constrictives [...], jusqu’à s’approprier, à la fin de ce premier processus d’acquisition du langage, sa « langue maternelle », pour employer une expression qui nous est familière, mais dont l’imprécision est manifeste.
Qu’advient-il, entre temps, des nombreux sons que le nourrisson pouvait produire si facilement, et de la capacité qui était la sienne, avant qu’il n’apprenne les sons d’une langue unique, à produire ceux de toutes les langues ? Tout se passe comme si l’acquisition de la langue n’était possible qu’au prix d’un oubli, une sorte d’amnésie linguistique infantile (ou amnésie phonique, puisque ce que le nourrisson semble oublier n’est pas tant le langage qu’une capacité d’articulation apparemment infinie). Se pourrait-il que l’enfant soit si absorbé par la réalité d’une langue unique qu’il abandonne, une fois pour toutes, le domaine illimité mais tout compte fait stérile qui ne contient que la possibilité de toutes les autres ? Ou bien faut-il chercher un éclaircissement du côté de la langue nouvellement acquise : est-ce la langue maternelle qui, s’emparant désormais de son nouveau locuteur, refuse de tolérer en lui ne serait-ce que l’ombre d’une autre ? Tout se complique du fait que le nourrisson ne saurait pas même prononcer ce simple mot, « je », et l’on hésite à lui attribuer, dans son babil comme dans le mutisme qui le suit, la conscience d’un sujet parlant. Il est en tous cas difficile d’imaginer que les sons que l’enfant était capable de produire si facilement ont quitté sa voix pour toujours, ne laissant derrière eux qu’une traînée de fumée. Car, de la disparition du babil, une langue et un être doué de parole émergeront. C’est peut-être inévitable. Peut-être l’enfant doit-il oublier la série infinie de sons qu’il produisit un temps, « au sommet du babil », pour parvenir à maîtriser le système limité de consonnes et de voyelles qui caractérisent une seule langue ; peut-être la perte d’un arsenal phonétique sans limites est-elle le prix à payer pour permettre à l’enfant de conquérir enfin une place légitime au sein de la communauté d’une langue unique. Les langues de l’adulte retiennent-elles quelque chose du babil infiniment varié dont elles émergèrent un jour ? Serait-ce le cas, il ne s’agirait que d’un écho, puisque là où il y a langage, le babil du nourrisson a disparu depuis longtemps, du moins sous la forme qu’il avait prise un temps dans la bouche de l’enfant ne parlant pas encore. Ce ne serait que l’écho d’une autre langue, qui n’en est pas une : une écholalie, vestige de ce babil indistinct et immémorial dont l’effacement a permis la parole.
06 juin 2007
1981. La mort de Lacan | Slavoj Zizek | Centre Pompidou, Histoire des Trente, 1977-2007, 30 mai 2007
....................
Pour lire le flux en realaudio, et afin d'éviter les interférences avec d'autres flux de la page, il faut afficher ce message séparément, soit en cliquant sur la barre de titre, soit en cliquant dans la liste des messages à droite dans le menu Archives de blog.