01 juin 2011
Michel Boujut (1940-2011)
Cinéma Cinémas, c’était une fois par mois non pas une leçon de cinéphilie, mais une sorte de journal de bord sur papier glacé, une lettre ouverte, lâchée comme une bouteille à la mer, dans l’espoir qu’elle serait lue, qu’elle serait vue. On y introduisait du romanesque et de la mélancolie, car les images n’existent pas sans ça. D’où ces « appels de fiction » qu’impliquait la musique du générique – celle de Franz Waxman pour le film de George Stevens, Une Place au soleil. Et qu’annonçaient les tableaux vivants de Guy Peellaert réinventant l’Histoire du cinéma.
On ne faisait pas du reportage d’information, ni du documentaire pédagogique, pas plus que de l’interview complaisante, mais des portraits et des essais. Avec des dispositifs adaptés à chacun d’entre eux, et qui donnaient l’illusion qu’il se passait quelque chose. Surtout ne pas servir la soupe au cinéma, à coup de promo et de bavardages de plateau. Rester plutôt dans une certaine idée du glamour.
Cinéma Cinémas était une émission d’égoïstes pour d’autres égoïstes, une émission de cinéphiles tendance midinettes, se refusant absolument à l’échelle des valeurs en cours dans la cinéphilie officielle reconnue d’utilité publique.
On procédait par bribes et par éclats, toujours soucieux de maintenir un équilibre ténu d’un sujet à l’autre, en jouant des dissonances entre eux, pour que ne s’installent pas la monotonie et l’uniformité.
Un homme dans un couloir ouvre des portes, l’une après l’autre : Eddie Constantine dans Alphaville (cadeau de Godard). Dix ans durant, de 1982 à 1992, Cinéma Cinémas sera la quête d’un rêve de cinéma, c’est-à-dire le secret derrière la porte…
> la suite ici.
Jean-Luc Godard, 1983
Patrick Modiano, 1990
Aki Kaurismäki, 1990
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1 commentaire:
Quels morceaux d'anthologie ! Merci.
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