Jimmy Gourley Quartette : Four on Six (Wes Montgomery) / Summertime (George Gershwin)
Lucky Thompson (sax tenor) au Blue Note, Paris, décembre 1959, avec le trio de Bud Powell (Kenny Clarke, batterie, Pierre Michelot, basse) et Jimmy Gourley (guitare).
Jimmy Gourley, guitariste, compositeur et chanteur de jazz
LE MONDE | 15.12.08 | 16h29 • Mis à jour le 15.12.08 | 16h29
Guitariste, compositeur et chanteur, James Pasco Jr Gourley, dit Jimmy, est mort, dimanche 7 décembre, à l'hôpital Joffre-Dupuytren de Draveil (Essonne). Au début des années 1950, cet artiste, né le 9 juin 1926 à Saint Louis (Missouri), qui avait joué avec d'excellentes formations - Sonny Stitt, Lou Levy -, s'installe à Paris. Il joue avec les pianistes Martial Solal et Henri Renaud, ou le ténor Bobby Jaspar. A partir d'août 1958, il est le guitariste attitré du Blue Note, qui vient d'ouvrir rue d'Artois à Paris. Aux côtés du batteur Kenny Clarke, il devient donc un passeur fondamental de la scène parisienne, et accompagne les stars de passage, Stan Getz, Lester Young (saxophonistes), J. J. Johnson (trombone), Bud Powell (piano).
Les équipées effectuées en Ford T avec son père, représentant de commerce, d'est en ouest par les montagnes Rocheuses, l'auront autant marqué, dans sa petite enfance, que les mélodies espagnoles qu'il tenait de sa mère. Laquelle lui fait apprendre la guitare.
Encore lycéen, il est recruté par un camarade de classe, le ténor Lee Konitz. Leur premier concert a lieu dans la synagogue du quartier. "C'est le moment où mon père, avec qui je ne me suis jamais entendu, m'a dit : "Engage-toi, va dans la marine, tu auras des draps propres et tu pourras manger chaud."" Après tous les gigs possibles de dernière minute autour de Los Angeles (1943), il s'engage dans la marine, et se retrouve dans les îles du Pacifique sud, à la hauteur de la Nouvelle-Guinée. Vingt cinémas en plein air, des golfs, des tennis, une mission de ravitaillement, et tous les matins, l'émission de jazz à la radio : "Un jour que je jouais pour moi, les copains m'ont crié : "Assez avec cette musique de Nègre !""
Au retour, il rencontre le guitariste Jimmy Raney, qu'il remplace dès le départ de celui-ci pour New York. Il séjourne un moment à Chicago, qu'enfant il détestait pour son côté froid et humide. Musicalement, la ville est formidable. Jimmy Gourley joue tous les soirs : "Tout à coup, j'étais musicien sans le savoir." A Oklahoma City, "la ville de Charlie Christian" (guitariste mythique, 1916-1942), il fait le bœuf tous les soirs.
Son premier séjour en Europe date de 1951. De retour à Los Angeles, il accompagne la chanteuse Anita O'Day. Puis à Paris, après cinq ans à servir les solistes, il fonde son quartette et intègre deux trios d'organistes : Lou Bennett, d'abord, puis Eddy Louiss, avec toujours Kenny Clarke à la batterie.
Habitué des clubs de la capitale, figure familière du jazz parisien, il joue et chante au Caveau de la Montagne, tourne et revient épisodiquement à New York, pour enregistrer ou redescendre en clubs.
Toucher très reconnaissable, attaque unique de la main droite, phrasé lisible et sobriété particulièrement élégante, Jimmy Gourley n'était pas seulement apprécié pour ses éminentes qualités, mais pour sa personnalité aimable et capable d'équilibrer n'importe quel groupe.
Francis Marmande
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