15 octobre 2010

Quelque chose de Sarajevo | France Culture, Surpris par la nuit, 6, 7 et 8 janvier 2009



Par Ossian Perez. Réalisation Anne Franchini.

Milomir Kovacevic est photographe. Il a grandi à Sarajevo et a photographié sa ville sous tous ses aspects avant la guerre, puis lors du siège où il prend près de 30 000 photographies. Il a quitté Sarajevo pour Paris seulement à la fin du conflit, en 1995, et n'y est pas retourné depuis. Rejoignant des Sarajeviens déjà exilés, un projet a mûri avec eux. Que reste-t-il ? Quelle est leur mémoire de la ville ?
Il a demandé à chacun de lui confier un objet qui lui est cher et qui lui rappelle sa vie à Sarajevo : violon, valise, foulard, chaussures d'enfants, photos de mariage, clés d'une maison... Il les a photographiés en noir et blanc, de la manière la plus simple. Chacun a écrit quelques lignes pour accompagner la photo et chacun a signé en bas. 50, 100, puis 150, enfin presque 200 objets témoignent d'une histoire personnelle et collective à la fois. Pour ceux qui ont connu des ruptures, pour qui se souvenir est difficile, ceux qui se passeraient bien de nostalgie, le chemin de la mémoire, ce chemin de soi à soi est un parcours plein d'embûches où on ne se lance qu'avec prudence. Quand les destins ont croisé des accélérations brutales, des départs comme ceux qu'ordonnent la guerre, comment s'y prend-on ?
Doucement, Milomir Kovacevic a tiré par la manche ses amis, puis d'autres Sarajeviens de Paris, il a tiré de sa chambre obscure des objets à remonter le temps; petites barques sur une mer impossible.
Après plusieurs expositions à Paris (Galerie « Fait et Cause », rue Quincampoix, Librairie « Comme un Roman », rue de Bretagne, « association Paris-Sarajevo », rue de Saintonge), nous retournons avec Milomir, ses photos et les récits de chacun à Sarajevo, à la Galerie Nationale de Bosnie-Hézergovine et à l'Atelier Zec.
Un beau livre est sorti aux éditions Qupé relatant ce travail. Mais l'aventure continue et une toile se tisse. Il y a toujours quelqu'un, quelque part, car les exilés de Sarajevo sont sur tous les continents. Ce sont à présent les gens et leurs objets qui viennent à Milomir pour mêler leurs histoires et dresser un portrait intime de Sarajevo.

Avec : Milomir Kovacevic, dit Strasni, photographe, Sanja Cindric, journaliste, Milana Cindric, architecte, Damir Huseinovic, décorateur, Jasna Samic, écrivain, Sadjida Jerlagic, journaliste, Dragan Urlic, musicien, Biljana Vrhovac, réalisatrice, Toto de Sarajevo, Jevad Sabljakovic, journaliste, Samir Hadzibajric, Sibila et sa fille, Sanja Bilanovic.

1. Milomir et les exilés de Paris.
2. Les objets ou le cœur invisible (manquant)
3. Le voyage de Sarajevo

> Le site de Milomir Kovacevic

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